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Æons. Et en effet, nos adversaires croient-ils avoir donné une explication suffisante de ces symboles en disant que le mois a trente jours à cause des trente Æons ; que le jour est divisé en douze heures, l’année en douze mois, à cause des douze Æons qui habitent au centre du Plerum ! Ce sont là de vains mots. Mais qu’ils nous disent donc la raison pour laquelle les Æons ont été créés dans un tel ordre ? pourquoi cette création a été faite ainsi et non autrement ; pourquoi les premières créations des êtres supérieurs ont eu lieu au nombre de huit plutôt qu’au nombre de cinq, de trois ou de sept, ou de tout autre nombre ? Pourquoi les Æons provenus de Logos et de Zoé sont au nombre de dix plutôt que de tout autre nombre ; pourquoi ceux provenus d’Anthropos et d’Ecclesia sont au nombre de douze, ni plus ni moins ?

Nous leur demanderons aussi la raison de ce mode de division de tout le Plerum : pourquoi en font-ils trois divisions, l’une de huit parties, la seconde de dix, et la troisième de douze ? Quelle est la raison de ces nombres, et pourquoi cette division elle-même est-elle triple, au lieu d’être quadruple, ou quintuple, ou sextuple, ou de toute autre collection de nombres ? Nous leur ferons grâce d’une autre question, qui serait celle de savoir comment ces nombres dont ils se servent, et qui s’appliquent d’ordinaire aux choses créées, coïncident avec les nombres divins, seuls en rapport avec l’idée de ces êtres supérieurs : (car les nombres divins devant être préexistants aux nombres créés, comment ceux-ci enchaîneraient-ils ceux-là), en les assujettissant à leurs propres progressions.

Quant à nous, nous ne craignons pas de dire que la manière dont nous expliquons la création est parfaitement en rapport avec cette création même. Bien différents des hérétiques, qui, ne voulant pas reconnaître quelque chose d’incréé et de parfait par lui-même, sont obligés de se jeter dans d’effroyables contradictions. Leur demande-t-on quelques explications au sujet du Plerum, qui est le séjour de leurs dieux, ils vous répondent par des considérations purement en rapport avec les choses humaines ; ils vous parleront sans cesse des créatures au lieu