Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/202

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à des étoiles ? alors même difficulté. En effet, si les étoiles diffèrent entre elles pour l’éclat, cependant elles sont toutes de la même nature et de la même substance. Il faut donc que les Æons soient tous passibles ou qu’ils soient tous impassibles ; tous incorruptibles, ou tous corruptibles.

On n’éludera point cette difficulté, en disant que les Æons sont nés du Logos de la même manière que l’arbre produit ses rameaux ; car le Logos provient lui-même du Propator. Ainsi tous les Æons, et celui qui les aurait engendrés, étant tous ensemble d’une même nature et d’une même substance, et ne différant que par leur grandeur individuelle, font tous partie de la plénitude du Père, comme les doigts font partie de la main. Si donc le Père a été plongé dans la passion et dans l’ignorance, tous les Æons y auront également été plongés. Mais comme ce serait une impiété de dire que le Père a été capable d’ignorance et de passion, n’est-il pas contradictoire de les admettre dans l’Æon et dans Sophia, qui sont venus de lui et qui sont semblables à lui ? Comment donc nos adversaires peuvent-ils se prétendre religieux en professant de pareilles impiétés ?

Que s’ils disent que les Æons sont nés du Logos de la même manière que les rayons naissent de la lumière, les mêmes contradictions se reproduiront : car les rayons sont de la même nature que la lumière de laquelle ils émanent. Ainsi les Æons seront tous semblables à leur auteur, et on ne pourra pas dire que les uns soient passibles, et les autres impassibles ; que s’ils sont tous impassibles, alors le système s’écroule : et, en effet, comment supposer, dans cette hypothèse, que leur plus jeune Æon ait pu souffrir ? Veut-on, au contraire, faire tous les Æons passibles, dans ce cas c’est admettre que Logos, que Sophia, que Nus et que Propator sont susceptibles de souffrance et d’ignorance : car le Père, ou le Nus, c’est un seul et même être, dans le système de ceux que nous combattons. Or, si on veut lui conserver sa suprématie, il faut qu’il reste uni au Nus et au Logos, car il est lui-même le Nus et le Logos parfait et impassible ; et il faut pareillement que tout ce