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commencé à partir du Propator, dont Nus fut le créateur. Ainsi ils supposent l’ignorance et l’aveuglement dans le Verbe de Dieu lui-même, puisque, d’après leur système, il aurait été engendré par le Propator. Admirables sophistes, en vérité, qui ont pénétré les mystères et les profondeurs du Dieu inconnu, de celui que les anges eux-mêmes désirent de connaître, pour apprendre au monde que le Verbe, créé par lui, est sorti de son sein incapable de connaître la vérité, de connaître même celui qui l’a produit !

Mais comment pouvez-vous soutenir, misérables sophistes, que Nus, créateur du Propator, étant lui-même la perfection infinie, ait fait de l’Æon, qui est son Verbe, un être rempli d’ignorance et d’imperfection, et qui ignorait son propre Père ? Comment pouvez-vous dire ensuite que le Christ, quoique venu après les autres Æons, a été cependant créé parfait ? Mais alors à plus forte raison le Verbe, qui avait été créé avant lui, devait-il être parfait comme lui, si du moins le Père eût borné à cela ses créations incomplètes, se réservant de créer l’Æon Sophia, cette mère de l’erreur, qui a répandu la coupe de tous les maux sur le monde. Il faudra, d’après votre système, accuser de tous ces maux le Dieu suprême. Ne dites-vous pas, en effet, que la grandeur et la puissance infinie du Père sont les causes premières de cette ignorance qui a engendré ces maux, puisque vous faites Bythus son égal, l’appelant le Père innommé ; et que c’est d’eux que seraient provenus les Æons ignorants, et Sophia, la mère de tous les maux ? Vous dites que la cause du mal, c’est que ceux-ci n’ont pu contempler la grandeur du Père. Mais si le Père n’a pas eu le pouvoir, dès le commencement, de se manifester aux Æons, il ne faut pas lui en faire un reproche, puisqu’il n’y avait pas de sa faute. Que s’il l’a pu postérieurement, et alors que les ténèbres de cette ignorance s’étaient encore épaissies par l’effet du temps, à plus forte raison aurait-il dû couper court à cette ignorance dès le commencement, puisque cela était en son pouvoir.