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tant, le nombre des Æons excéderait celui de trente. Ils prétendent encore que le Christ a souffert sa passion douze mois après son baptême, et qu’ainsi sa prédication n’aurait duré qu’une année ; ils cherchent à étayer cette hypothèse des paroles du prophète, qui a dit : « Pour publier l’année de la réconciliation et le jour de la vengeance du Seigneur. » Mais, eux qui se vantent d’avoir pénétré les mystères de Bythus, ne savent pas expliquer ces paroles du prophète, et ils n’ont pas pris garde que s’il parle de l’année de la réconciliation, il dit seulement le jour de la vengeance. D’ailleurs le prophète, en parlant d’une année ou d’un jour, n’a point voulu signifier un jour composé de vingt-quatre heures, ni une année composée de douze mois. Tout le monde sait que le style des prophètes procède par parabole et par allégorie, et ne doit point être pris à la lettre : les hérétiques, d’ailleurs, en font eux-mêmes l’aveu.

Ainsi le jour de la vengeance signifie le jour du jugement, lorsque le Seigneur traitera chacun selon ses œuvres. Quant à l’année de la réconciliation, cela marque en général tout le cours des siècles pendant lesquels ceux qui croiront se rendront dignes de Dieu et deviendront agréables à ses yeux ; c’est-à-dire tout l’espace d’années qui s’écoulera, depuis la venue du Christ jusqu’à la consommation des temps. Et, en effet, dans le langage du prophète, le jour de la justice est nommé après le jour de la réconciliation. De manière que si le prophète n’avait entendu parler que d’une année de douze mois, sa prophétie se trouverait fausse. « Car l’année qui a précédé la passion s’est écoulée, et le jour de la justice n’a pas paru ; et Dieu continue à faire lever son soleil sur les bons et les méchants, et pleuvoir sur les justes et les injustes. Les justes sont affligés et souffrent la persécution ; ils sont mis à mort, tandis que les pécheurs vivent dans l’abondance, et la cythare, la lyre, le tambour, font l’ornement de leurs festins ; ils méprisent la loi du Seigneur. » On ne peut donc pas scinder les paroles du prophète, et il faut que le jour de la justice vienne immédiatement après l’année de la réconciliation des justes. Car le pro-