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Que s’il nous arrive de ne pouvoir nous élever jusqu’à connaître la première raison de tout ce qui existe, nous devrons réfléchir que l’homme est infiniment au-dessous de Dieu, qu’il n’est qu’une créature, et ne peut, par conséquent, être égal à son créateur, et que son intelligence finie et bornée ne saurait concevoir ni comprendre toute chose ; privilége qui n’appartient qu’à Dieu. Et en effet, comment l’intelligence de l’homme, qui est un être créé, et qui ne vit qu’un jour, pourrait-elle égaler l’intelligence de celui qui est incréé, qui est sans commencement et toujours le même. Homme, tu n’es pas incréé, tu n’es pas coexistant avec Dieu, comme l’est son Verbe. Et si peu à peu, et à l’aide de ce Verbe, tu t’élèves jusqu’à admirer l’ordre de la création, c’est uniquement à la bonté de Dieu que tu es redevable de ce nouveau bienfait.

Ainsi, en recherchant la science, ne cesse jamais d’écouter la voix de la raison, et ne deviens pas ingrat envers ton bienfaiteur, en le méconnaissant et en cherchant quelque chose au-dessus de lui. Ton Dieu est immuable, et tu ne peux rien trouver qui soit au-dessus de lui. Il est infini ; tu auras beau chercher la mesure de ses œuvres, en vain voudrais-tu pénétrer dans l’atelier de ses créations ; quand tu parviendrais à connaître la hauteur, la profondeur et la largeur de ses ouvrages, tu ne trouverais jamais que lui pour le créateur de toutes choses ; en cherchant un autre Dieu que lui, tu perdras ta raison, bien loin de perfectionner ton esprit ; et si tu persévères dans cette fausse voie, en persistant à violer la règle que Dieu nous a donnée pour nous conduire, tu en seras puni en tombant dans cette folie de croire que tu es plus grand et que tu vaux mieux que ton Créateur.