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Dieu qui connaisse la réponse à la question que nous avons supposée. Après cela, comment pourrait-on être assez insensé pour faire des suppositions qui seraient autant de blasphèmes envers Dieu, et enfin pour nier ce même Dieu, parce qu’on croirait avoir découvert l’origine de la matière ?

Puissiez-vous faire un retour sur vous-mêmes, ô vous tous, qui vous livrez à ces recherches chimériques, et reconnaître enfin qu’il n’y a qu’un seul Dieu véritable, celui que vous nommez le Demiurgos : c’est celui-là que les Écritures reconnaissent pour le seul Dieu, celui que notre Seigneur a appelé son Père, disant qu’il n’en reconnaissait point d’autre, ainsi que nous le ferons voir en citant ses paroles. Or, quand vous osez dire que ce Sauveur est provenu du péché, qu’il est le produit de l’ignorance, ignorant lui-même les choses qui sont au-dessous de lui, et beaucoup d’autres suppositions de ce genre, réfléchissez à l’énormité du blasphème que vous proférez contre le vrai Dieu. Vous avez d’abord l’air de professer une croyance sincère envers Dieu ; mais bientôt, quoique vous ne puissiez parvenir à démontrer l’existence d’un autre Dieu, on vous entend soutenir que ce même Dieu, auquel vous aviez fait profession de croire, n’est que le produit de l’ignorance et du péché. Or, votre aveuglement, votre folie viennent uniquement de ce que vous voulez tout connaître, ne réservant aucune science à Dieu. Vous prétendez expliquer par vous-même l’origine de ce même Dieu, de son Ennoia, de son Verbe, l’origine de la Vie, celle du Christ ; et vous ne traitez toutes ces immenses questions que d’après un point de vue purement humain. Vous ne voulez pas comprendre que l’homme, étant un être mixte et composé, il y a en lui, s’il est permis de le dire, le sens de l’homme et l’esprit de l’homme ; que chez lui le sentiment précède l’idée, l’idée l’enthymèse, l’enthymèse le Logos, ou la Parole (les Grecs, du reste, ne sont pas d’accord sur la nature de ce Logos, les uns entendant par là la pensée, les autres l’organe qui sert à exprimer la pensée) ; que l’homme d’ailleurs ne pense pas et n’agit pas toujours, mais que souvent il se repose : tandis que Dieu est tout