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qu’il ne perde pas de vue l’enchaînement naturel du raisonnement. Ainsi, dans le passage cité en commençant, nous lirons, non pas le dieu du siècle, mais le vrai Dieu, le Dieu tout-puissant ; et le reste de la phrase signifiera : les incrédules et les aveugles du siècle qui ne doivent point avoir part au salut éternel.


CHAPITRE VIII.


L’auteur répond à une autre objection tirée des paroles du Christ, rapportées dans l’évangile de saint Mathieu (Ch. VI, v. 24.) ; et il prouve qu’il n’y a que Dieu seul qui puisse être appelé Dieu, puisque seul il est sans commencement ni fin ; qu’aucune chose créée ne peut s’appeler ni Dieu ni Seigneur, puisque c’est Dieu qui a tout créé par le ministère de son Verbe.


En répondant à l’objection consignée au chapitre précédent, et qui n’est qu’une calomnie de la part des hérétiques, nous avons démontré clairement que ni les prophètes ni les apôtres n’ont jamais, dans ce qu’ils ont dit ou écrit, eu en vue que notre seul et unique Dieu. À plus forte raison faut-il donner la même interprétation aux paroles de notre Seigneur, « lorsqu’il ordonne de rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ; » car ici il nomme César par son nom de César, et Dieu par son nom de Dieu. De même encore, quand il dit : « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, » ce qu’il explique lui-même, en disant : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et Mammon ; » il nomme Dieu par son nom de Dieu ; et Mammon par son nom de Mammon. En disant : « Vous ne pouvez pas servir deux maîtres, » il n’appelle pas Mammon un Dieu, mais il enseigne à ses disciples qu’étant au service de Dieu, ils ne doivent pas se mettre au service du diable ni se laisser subjuguer par lui ; « car, a-t-il dit, quiconque commet le péché est esclave du péché. » En appelant ceux qui sont soumis au péché les esclaves du péché, il n’a pas pour cela fait un Dieu du péché ;