Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/327

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aux frères qui sont parmi les gentils à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut. Par ce que nous avons appris, que quelques-uns des nôtres vous ont inquiété par leurs paroles, troublant vos âmes, sans que nous leur en eussions donné l’ordre, il nous a plu, à nous tous assemblés, de vous envoyer des hommes que nous avons choisis avec nos très-chers Barnabé et Paul, des hommes qui ont exposé leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous avons donc envoyé Jude et Silos, lesquels vous raconteront les mêmes choses de vive voix. Car il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous de ne point imposer d’autres fardeaux que ceux qui sont nécessaires. Que vous vous absteniez des victimes sacrifiées aux idoles, et du sang, et de la fornication, et de ne pas faire à autrui ce que vous ne voudriez pas qui vous fût fait ; toutes choses dont vous ferez bien de vous garder, continuant à marcher dans la voie du Saint-Esprit. » On voit donc bien clairement, d’après cette lettre, que les apôtres enseignaient toujours ce même Dieu le père de l’ancien Testament, mais qu’aux gentils nouvellement convertis à la foi ils annonçaient la loi de délivrance donnée dans le nouveau Testament. Et, en résolvant la question de savoir si les nouveaux Chrétiens devaient ou non se soumettre à la loi de la circoncision, ils ont témoigné leur croyance dans un seul et même Dieu, qui est celui de l’ancien Testament ainsi que du nouveau.

Au reste, on voit dans la vie des apôtres qu’ils n’expliquaient pas l’ancien Testament d’une manière si rigoureuse qu’ils ne voulussent pas vivre avec les étrangers. En effet, Pierre ayant reçu l’ordre, dans une vision, d’aller en catéchiser quelques-uns, et quoiqu’il fût encore tout ému par la vision qu’il venait d’avoir, leur dit, non sans quelque appréhension : « Vous savez combien il est odieux à un Juif de s’unir à un étranger et d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à n’appeler aucun homme profane ou impur. C’est pourquoi, dès que vous m’avez appelé, je suis venu sans hésiter. » Il leur exprimait, par ces paroles, qu’il était venu auprès d’eux d’après un ordre secret de Dieu. Et il ne se serait pas décidé à leur donner le baptême, si, à leurs pa-