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homme, il ne se sent pas d’orgueil, il ne se croit plus ni sur la terre ni même au ciel, mais il se croit en possession de ce qu’ils nomment leur Plerum, et être devenu un être angélique ; il fronce le sourcil, et il a dans sa démarche toute la sotte fierté d’un coq. Il en est parmi eux qui prétendent que leurs nouveaux convertis doivent avoir un maintien plein de grandeur et de fierté, comme devant bientôt monter au rang des immortels ; c’est pour cela qu’on les voit affecter dans leur air beaucoup de gravité : plusieurs mêmes, ne faisant aucun cas des apparences réelles, et sous le prétexte qu’ils sont déjà assez parfaits, mènent une conduite scandaleuse, tout en disant qu’ils appartiennent déjà à la nature des esprits et qu’ils connaissent déjà le lieu de délices, qui est leur prétendu paradis.

Mais revenons à l’objet de ce traité. Nous avons prouvé clairement que les apôtres, en prêchant au monde la vérité et sa délivrance, n’ont jamais nommé ni invoqué d’autre Dieu que le seul vrai Dieu, avec son Verbe, à qui il a donné la puissance sur toutes choses ; il faut en conclure que le Dieu qu’ils ont confessé n’est autre que le créateur du ciel et de la terre, que le Dieu qui a fait entendre sa voix à Moïse et qui lui a donné sa loi, et que nos pères ont adoré. Ainsi, l’opinion que les apôtres et leurs disciples ont eue sur la nature de Dieu nous est maintenant parfaitement connue.


CHAPITRE XVI.


Qu’il est démontré par les écrits que les apôtres nous ont laissés, que Jésus-Christ n’est autre que le fils unique de Dieu véritablement Dieu et homme tout à la fois.


S’il fallait en croire les gnostiques, Jésus ne serait en quelque sorte que le réceptacle du Christ ; celui-ci serait descendu sur Jésus sous la forme d’une colombe, lui aurait fait connaître leur Père commun, qui est sans nom ; il serait après cela rentré d’une manière mystérieuse et invisible dans le sein de son Plerum (car ce Christ, suivant eux, est non-seulement in-