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leuse ? Ainsi raffermi dans sa foi, il allait prêcher la pénitence aux habitants de Ninive, témoins du prodige qui venait de s’opérer en lui ; car, ainsi que le dit l’Écriture : « Qui sait si Dieu ne reviendra pas vers nous pour nous pardonner, s’il ne s’opposera pas et s’il ne révoquera pas l’arrêt de notre perte, qu’il a prononcé dans sa colère. Et Dieu, voyant qu’ils s’étaient convertis en quittant leurs œuvres, eut pitié d’eux. » Nous voyons donc que Dieu, dès les anciens temps, montre sa patience envers les hommes ; il permet que Jonas soit englouti dans une baleine ; il l’y conserve pendant trois jours, et il le rend à la lumière, afin que ce miracle, opéré par son Verbe, fasse rentrer les Ninivites en eux-mêmes, et qu’ils croient à la parole de Jonas, qui leur avait auparavant annoncé leur ruine de la part de Dieu. Ils confessèrent leur crime et firent pénitence. Jonas dit donc à ceux qui étaient sur le navire avec lui : « Je crains le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a fait la mer et la terre. » C’est-à-dire que l’homme doit mettre en Dieu sa dernière espérance de salut, lui qui peut faire revenir l’homme du sein des morts, pour glorifier Dieu, et pour s’écrier ensuite comme Jonas : « J’ai crié contre le Seigneur du sein de ma tribulation, et il m’a exaucé ; j’ai crié de l’abîme du tombeau, et vous avez entendu ma voix. » C’est ainsi que l’homme doit glorifier Dieu et lui rendre grâce sans cesse d’avoir recouvré le salut par lui : « Afin que nul homme ne se glorifie devant lui, » comme dit saint Paul. L’homme doit également s’efforcer de se former une idée juste de Dieu, afin d’éviter les suggestions de son orgueil, qui lui ferait s’attribuer le don de pureté et de vérité que quelquefois Dieu daigne lui accorder, et de là se croire égal à Dieu ; car cette vanité rend plus grande encore l’ingratitude de l’homme envers son Créateur, en détruisant cet amour que Dieu avait pour lui. L’homme, dans cet état aspirant à se comparer à Dieu, obscurcit de lui-même sa raison, de peur qu’elle ne comprenne la grandeur de Dieu.

Autant a été grande la munificence de Dieu envers l’humanité, autant doit être grande la reconnaissance et l’amour de l’humanité envers Dieu ; la grandeur de l’amour doit égaler la