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CHAPITRE XII.


Il est démontré que l’ancienne et la nouvelle loi n’ont qu’un seul et même auteur ; ce que le Christ a lui-même prouvé par le respect qu’il professait pour les traditions et les usages anciens qu’il a confirmés et consacrés par ses paroles, et en se désignant lui-même comme étant le dernier accomplissement de la loi de Moïse.


Ce qu’on appelait la tradition des anciens et que les pharisiens feignaient d’observer, était réellement contraire à la loi de Moïse. C’est à ce sujet qu’Isaïe a dit : « Ton or est devenu du plomb, et ton vin est mêlé d’eau ; » exprimant ainsi que les anciens finiraient par altérer la tradition première, en substituant une fausse loi à la loi véritable, comme notre Seigneur lui-même s’en est hautement plaint, quand il a dit aux pharisiens : « Pourquoi donc vous-mêmes transgressez-vous les commandements de Dieu à cause de votre tradition ? » Or, ils ne s’étaient pas contentés d’altérer dans des intentions coupables l’ancienne loi, mais ils avaient de plus fini par substituer à la loi une loi de leur façon, qui est encore désignée aujourd’hui sous le nom de loi pharisienne. Cette loi supprime beaucoup de choses de l’ancienne, en ajoute d’autres, donne à certaines choses une interprétation tout-à-fait arbitraire ; et encore ne se servent-ils de leur nouvelle loi que selon le caprice de leur bon plaisir. C’était donc pour prendre le parti de cette prétendue tradition qu’ils ont refusé de croire à la loi véritable qui leur annonçait l’arrivée du Messie ; et ils faisaient un reproche au Christ de ce qu’il opérait des guérisons le jour du sabbat, chose que la loi ne défendait réellement pas. D’ailleurs les Pharisiens eux-mêmes ne faisaient-ils pas des remèdes pour les malades le jour du sabbat ? mais ils avaient soin de ne pas se blâmer eux-mêmes en s’accusant de violer la tradition. Ils n’avaient donc pas le véritable esprit de la loi, qui consiste dans l’amour de Dieu.