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CHAPITRE XIV.


Si Dieu a créé l’homme, s’il lui a tracé des règles pour le conduire à la vérité, s’il exige de lui la soumission à ses volontés, il l’a fait uniquement pour le salut de l’homme ; il n’avait pas besoin de l’homme, mais il s’est plu à le combler de ses bienfaits, par un pur effet de sa bonté.


En créant l’homme, Dieu n’avait aucun besoin de lui ; mais il voulait former un être sur lequel il répandît ses bienfaits. Car la glorification de Dieu par son Verbe qui était en lui, et qui était lui-même glorifié par lui, avait lieu avant toute création, ainsi que le Seigneur nous l’apprend lui-même, quand il dit : « Et maintenant, mon Père, glorifiez-moi en vous-même de la gloire que j’ai eue en vous, avant que le monde fût. » Et quand il nous invite à le suivre, ce n’est pas qu’il ait besoin de nous, mais c’est qu’il veut que nous ne devions notre salut qu’à nos propres efforts ; car, suivre le Sauveur c’est déjà prendre part au salut, de même que suivre la lumière, c’est déjà prendre part à la lumière. Or, ceux qui sont entourés de la lumière ne font pas la lumière ; mais c’est la lumière qui les éclaire et qui les illumine. Il en est de même en ce qui est relatif à notre état de dépendance envers Dieu ; cette dépendance ne rapporte rien à Dieu, et il n’a nul besoin de la soumission de l’homme ; s’il donne à ceux qui le suivent et qui le servent la vie, l’immortalité et la gloire éternelle, c’est seulement à titre de bienfait et de récompense ; car il ne reçoit rien d’eux pour cela, étant par lui-même riche et parfait, et n’ayant besoin d’aucune chose. C’est donc par un effet de sa bonté et de sa miséricorde qu’il a placé l’homme dans la dépendance, afin que cette dépendance même lui soit une occasion de répandre ses biens sur ceux qui le servent avec constance. Mais l’homme a d’autant plus besoin de Dieu, que Dieu a moins besoin de l’homme. C’est une gloire pour l’homme de persévérer et de rester dans la dépendance de Dieu. C’est pourquoi notre Seigneur