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ils portaient une âme de Caïn : aussi, semblables à Caïn, qui n’écoute pas les avertissements de Dieu, firent-ils périr le juste. Dieu avait dit à Caïn : « Étouffe les mauvaises pensées de ton cœur. » Or, chasser les mauvaises pensées de son cœur, n’est-ce pas renoncer à une première pensée coupable ? Notre Seigneur dit encore aux pharisiens : « Pharisiens aveugles, purifiez d’abord le dedans de la coupe, afin que le dehors soit pur aussi. » Mais ils ne voulurent pas l’écouter, car, dit Jérémie, « tes yeux et ton cœur n’aspirent qu’à l’avarice, au sang répandu, à la calomnie, à tout ce qui est pervers. » Isaïe leur adresse la même menace en ces termes : « Malheur à vous, enfants rebelles, dit le Seigneur, qui formez vos desseins sans moi, qui ourdissez des trames criminelles. » En mettant ainsi à découvert les mauvaises pensées des méchants, Dieu, à qui rien n’est caché, nous fait voir que le mal est hors de lui, et qu’il s’opère contre sa volonté. C’est lui qui dit à Caïn, voyant qu’il n’abandonnait pas ses mauvaises pensées : « Si tu fais le mal, ton péché deviendra plus fort que toi ; mais tu peux encore le dominer. » Jésus-Christ parlait dans le même sens, quand il disait à Pilate : « Vous n’auriez aucun pouvoir sur moi, s’il ne vous avait été donné. » Dieu, en effet, abandonne le juste ici-bas à la malice des méchants, afin qu’il ait occasion de mériter une plus grande récompense en triomphant des épreuves, et que le méchant soit puni à proportion de sa malice et de ses iniquités. Ce n’est donc point la cérémonie du sacrifice qui sanctifie l’homme (Dieu n’a que faire de ces sacrifices extérieurs) ; mais c’est la pureté de conscience de celui qui offre le sacrifice qui fait que l’offrande est agréable à Dieu, et qu’il l’accueille comme une marque de fidélité. Aussi, comme dit Isaïe, « le sacrifice d’un veau que m’offre le pécheur, m’est aussi odieux que celui d’un chien. »

C’est donc parce que l’Église offre le saint sacrifice avec la simplicité du cœur, que ce sacrifice monte vers Dieu comme une offrande pure. C’est ce qui fait dire à saint Paul : « Je suis comblé de biens depuis que j’ai reçu d’Épaphrodite ce que vous m’avez envoyé, comme une oblation d’excellente odeur,