Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/453

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comment supposer que quelque être, en dehors de Dieu même, en eût été doué ? Est-ce que Dieu, qui avait créé les anges, pouvait avoir besoin des anges pour faire ce qu’il voulait faire ? N’avait-il pas avec lui le Verbe et l’Esprit saint avec lesquels il peut tout ? Le Verbe ou le Fils, l’Esprit ou la Sagesse, sont toujours avec lui ; c’est par eux et avec eux qu’il crée et qu’il agit en liberté ; c’est à eux qu’il parle dans l’Écriture, lorsqu’il dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. » Il a trouvé en lui-même les éléments avec lesquels il a formé les créatures, le modèle sur lequel il les a faites, ainsi que le type de toutes les formes qui font l’ornement de l’univers.

C’est donc avec raison que l’Écriture a dit : « Le premier principe de la foi est de croire en un seul Dieu, créateur et auteur de toutes choses ; qui a tiré toutes choses du néant, qui peut tout et qui n’a besoin de personne. » Malachie dit aussi de même : « Est-ce qu’un seul père n’est pas à tous ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? » Et aussi l’apôtre saint Paul : « Il n’y a qu’un Dieu, père de tous, qui est au-dessus de tous, qui gouverne toutes choses et qui réside en nous tous. » Notre Seigneur lui-même a dit pareillement : « Toutes choses m’ont été données par mon Père ; » bien entendu par celui qui a fait toutes choses ; car, puisqu’il a tout donné à son Fils, il n’a sans doute donné que ce qui était à lui. Il n’en a rien excepté : c’est pour cela qu’il l’a constitué juge des vivants et des morts. « Il a la clé de David, qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n’ouvre ; » car il n’y avait aucun être, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni dans les enfers, qui eût le pouvoir d’ouvrir le livre de vie, et d’y lire, si ce n’est l’agneau du Dieu qui a versé son sang pour nous racheter. C’est donc le Père qui, après avoir créé l’univers par le Verbe et lui avoir donné le pur Esprit ou la Sagesse, a ensuite donné toute puissance au Verbe sur la terre, quand il s’est fait chair ; afin qu’il eût la souveraine puissance sur les choses de la terre, comme il l’avait sur les choses du ciel, lui qui s’étant fait homme, « n’a commis aucun péché, et dans la bouche duquel le mensonge n’a pas été trouvé ; » il devait avoir