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nous voyons que le Verbe avait toujours, en apparaissant aux hommes, quelques signes prophétiques des choses futures ; que les volontés du Père, à l’égard des hommes, se révélaient dans sa présence et qu’il enseignait les choses de Dieu.

Mais ce n’était pas seulement par des visions qui frappent les yeux, par des discours qui frappent les oreilles, que le Verbe faisait annoncer et figurer les choses futures par les prophètes, c’était encore par des actes matériels. Ainsi nous voyons dans l’Écriture que ce fut d’après un avertissement du Seigneur que le prophète Osée prit une femme de la terre des prostitutions, parce que cette terre se prostitue aux idoles, et se sépare du Seigneur, c’est-à-dire les hommes qui l’habitent. Cette action du prophète était une figure de ce que Dieu devait faire par la suite à l’égard de l’Église, qu’il sanctifierait en s’alliant à elle, de même qu’Osée sanctifiait, par son alliance avec elle, la femme souillée qu’il épousait ; « car, dit saint Paul, la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle. » Et de plus, le prophète adopta les enfants de cette femme, nés de ses désordres ; ce qui signifiait le peuple de Dieu, qui n’était plus son peuple par ses désordres, et qui ne méritait plus sa miséricorde ; de là ces paroles de l’apôtre : « Selon ce qui est dit dans Osée : j’appellerai mon peuple ceux qui n’étaient point mon peuple ; ma bien-aimée, celle que je n’avais point aimée ; et ma miséricorde, celle à qui je n’avais pas fait miséricorde. Et il arrivera que, dans le lieu même où je leur avais dit autrefois, vous n’êtes point mon peuple, ils seront appelés enfants du Dieu vivant. » L’apôtre explique ainsi que ce qu’Osée avait fait était la figure de ce que le Christ devait faire à l’égard de l’Église. Nous voyons de même que Moïse prit une Éthiopienne dont il fit une Israélite par son alliance avec elle ; car l’olivier sauvage, en s’alliant par la greffe à l’olivier fertile, devient aussi bon et aussi beau que lui. Ceci signifiait qu’un jour le Christ serait mis à mort par le peuple même dont il faisait partie selon la chair, et qu’il serait sauvé par l’Égypte de la fureur d’Hérode ; l’Égypte signifiant les gentils dont Dieu s’est servi pour établir son Église (l’Égypte, en effet, ainsi que l’Éthio-