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qui sait les événements avant qu’ils arrivent ; c’est pourquoi il dit dans l’Écriture : « J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü. »

Si l’on étudie les événements de la vie de Jacob, on verra que, loin d’être insignifiants, ils renferment, au contraire, un grand nombre de vérités prophétiques. D’abord, dès le moment où il vient au monde, il prend le talon de son frère, ce qui lui fait donner le nom de Jacob, c’est-à-dire supplantateur ; il enchaîne le premier pas de son frère ; mais lui, personne ne l’arrête ; il lutte, il est vainqueur ; il tient dans sa main le talon de son ennemi, ce qui est la marque de sa victoire. Jacob était donc, dès l’acte même de sa naissance, le type de notre Seigneur Jésus-Christ, dont saint Jean dit dans l’Apocalypse : « Et il partit, remportant victoire sur victoire. » Nous voyons ensuite Jacob, à l’occasion de quelques reproches que lui adresse Ésaü, lui ravir son droit d’aînesse ; ce qui est la figure des gentils, de ce peuple nouveau qui reconnaît le premier le Christ pour le premier-né d’entre les morts, tandis qu’il est renié par l’ancien peuple, qui le repousse en disant : « Nous ne reconnaissons d’autre roi que César. » Or, le Christ représente toutes les bénédictions et toutes les grâces ; il est donc vrai de dire que les gentils ont enlevé au peuple hébreu, au peuple ancien, le droit d’aînesse et de bénédiction, en reconnaissant les premiers le Christ. Et de même encore que Jacob a été persécuté par Ésaü, parce que celui-ci avait perdu le droit à la bénédiction de son père, ainsi les Juifs ont persécuté l’Église des gentils, qui a joui avant eux de la bénédiction de Dieu. En outre, comme les douze tribus, qui devaient être le soutien et la gloire d’Israël, se sont formées, pendant l’exil des hébreux, chez les peuples étrangers, de même le Christ a établi, durant son pélerinage sur la terre, les douze colonnes (c’est-à-dire les douze apôtres), qui sont les fondements de l’Église. Nous voyons encore que Laban donna à Jacob toutes les brebis bigarrées et tachetées : de même le Christ a formé l’assemblée des fidèles des hommes de toutes nations qui ont cru en lui, selon la promesse que lui en avait faite Dieu le père : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et