Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/488

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Et à cet égard, n’est-il pas vrai de dite que les hérétiques, dont nous nous sommes occupés dans ce traité, se mettent en pleine contradiction avec eux-mêmes, puisqu’ils s’élèvent contre le Seigneur même, auquel cependant ils disent avoir foi. Car les vérités applicables au Dieu de nos pères, qui dans l’ancien Testament a châtié ceux qui ne croyaient pas, qui a frappé les Égyptiens, qui a donné le salut aux croyants, s’appliquent également à notre Seigneur, qui donne une éternité de punition aux coupables, et une éternité de bonheur à ceux qui sont restés fidèles à sa loi. S’il fallait en croire leurs discours, notre Seigneur, en venant sur la terre, n’aurait été que l’occasion d’un péché plus grand pour ceux qui l’ont persécuté et qui l’ont fait mourir. Car si le Christ ne fût pas venu sur la terre, il n’y eût pas eu des meurtriers du Christ ; et si Dieu n’avait pas envoyé des prophètes au peuple pour l’instruire, le peuple n’eût pas fait périr les prophètes, ni aussi les apôtres ; ce qui revient à dire qu’il fallait que les Égyptiens fussent frappés des sept plaies, et qu’ensuite l’armée égyptienne qui poursuivait les Israélites fût précipitée dans la mer, pour que Dieu eût l’occasion de sauver son peuple ; et encore à ceci, qu’il fallait qu’il y eût des meurtriers du Christ, (qui ont mérité la damnation éternelle), qu’il y eût des meurtriers des apôtres, des persécuteurs de l’Église, pour que l’Église s’établit et que nous fussions sauvés. De même que les Hébreux auraient dû leur salut aux Égyptiens, de même nous devrions la grâce de la rédemption à l’aveuglement des Juifs, puisque la mort du Sauveur a été la damnation pour ceux qui l’ont crucifié et qui ne se sont pas ensuite convertis, et le salut pour ceux qui ont cru en lui. L’apôtre ne dit-il pas dans la deuxième épître aux Corinthiens : « Nous sommes, devant Dieu, la bonne odeur de Jésus-Christ, pour ceux qui se sauvent et pour ceux qui se perdent. Aux uns une odeur de mort pour la mort, et aux autres une odeur de vie pour la vie. » Pour qui sommes-nous donc une odeur pour la mort, si ce n’est pour ceux qui ne veulent pas croire, ni se soumettre au Verbe ? Et qui sont ceux qui se perdent, si ce n’est ceux qui n’ont pas la