Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/496

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devions bien nous garder de blâmer les anciens dans les choses pour lesquelles l’Écriture ne les blâme pas, se contentant de nous en donner le récit, (car nous ne saurions nous dire ni plus justes ni plus clairvoyants que le juge suprême), mais qu’il faut plutôt y voir une figure prophétique des choses à venir. Car il n’y a rien d’inutile dans l’Écriture, et surtout dans les choses qu’elle ne blâme pas, et qui à nos yeux ont l’apparence d’une faute. De cette espèce est ce qui arriva à Loth, qui engendra ses deux filles, et dont la femme, en punition de sa curiosité, fut changée en une statue de sel, qui se voit encore aujourd’hui. Car ce fut de la part de Loth un inceste involontaire, il n’y fut porté ni par la concupiscence de la chair, ni par l’entraînement des sens, ni par une mauvaise pensée ; cet événement était une figure. Voici ce que dit l’Écriture là-dessus : « Et l’aînée vint et dormit avec son père, et celui-ci ne s’apperçut ni quand sa fille se coucha ni quand elle se leva. » La plus jeune fit de même : « Et il ne s’apperçut ni quand sa fille se coucha ni quand elle se leva. » C’était à l’insu de Loth et abstraction faite de toute idée de débauche ; un acte était consommé, qui devenait une figure pour la loi nouvelle ; les deux filles devenant mères du fait de leur propre père, étaient la figure des deux synagogues. D’ailleurs, cela ne pouvait être autrement, car il n’existait pas pour elles d’autre homme dont elles pussent concevoir, ainsi qu’il est écrit ; « Et l’aînée dit à la plus jeune : Notre père est vieux, et aucun homme n’est resté sur la terre qui puisse s’approcher de nous selon la coutume de toute la terre. Viens, et enivrons de vin notre père, et dormons avec lui, afin que nous puissions perpétuer la postérité de notre père. »

Les filles de Loth parlaient ainsi dans la simplicité de leur innocence, croyant que les habitants de toute la terre avaient péri comme les Sodomites, et que la colère de Dieu les avait également frappés. C’est là ce qui les exempta de péché, parce qu’ayant seules survécu avec leur père, elles se crurent destinées à conserver l’espèce humaine, et pour cela elles dormirent avec lui. Les paroles de ces filles signifient d’une ma-