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SAINT IRÉNÉE.

qu’ont annoncé de nouveau ceux qui auraient proclamé sa venue ? Ne s’est-il pas amené lui-même avec tous les biens qui sont la conséquence de son arrivée, ces biens dont les anges sont jaloux, et qu’il apporte aux hommes ?

Or, les prophètes n’auraient été que des serviteurs de mensonge, et n’auraient point justifié leur mission, si le Christ n’était pas venu tel et comme il avait été prédit, et si, étant venu, il n’avait pas accompli tout ce qui avait été annoncé sur sa mission. Aussi disait-il lui-même : « Ne pensez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu la détruire, mais l’accomplir. Car je vous dis, en vérité, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul point de la loi ne passera pas, que toutes ces choses ne soient faites. » Ainsi il a accompli lui-même, et il accomplira chaque jour encore jusqu’à la consommation des siècles, toute la loi renfermée dans le nouveau Testament. Et comme dit saint Paul, dans son épître aux Romains : « Mais maintenant, la justice que Dieu donne sans la loi nous a été découverte ; elle a été attestée par la loi et les prophètes ; car le juste vivra de la foi. » Or, cette nouvelle condition que le juste vivra de la foi avait été annoncée par les prophètes.

Comment d’ailleurs les prophètes auraient-ils pu prédire cet avènement du verbe de Dieu et cette liberté nouvelle qu’il apportait au monde ; comment auraient-ils pu annoncer tous les travaux que le Christ devait accomplir, et ses discours, et ses miracles, et sa passion, et enfin prédire tout ce qui est relatif au nouveau Testament, si on suppose qu’ils eussent reçu l’inspiration prophétique d’un Dieu différent de celui qui est l’objet de notre culte ? car cet autre Dieu, d’après l’aveu même de nos adversaires, ne leur aurait pas donné la connaissance du Père indicible, ni celle de son Fils, ni de son royaume céleste, ni de toutes les choses que le verbe de Dieu devait accomplir en venant sur la terre. Et peut-on dire que, dans cette hypothèse, toutes les choses que les prophètes auraient annoncées d’un tout autre Dieu, se seraient trouvées applicables par un hasard quelconque à notre Seigneur lui-même, et seraient arrivées