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SAINT IRÉNÉE.

nous a formés, et qui nous peut perfectionner ; prêtons-nous à l’achèvement de son œuvre autant qu’il est en nous ; gardons-lui un cœur docile et fidèle ; ne défigurons point les traits qu’il nous a donnés ; ne nous laissons point endurcir, de peur que sa main nous trouve impropres à prendre une forme plus parfaite ; ne gâtons pas le premier travail de Dieu, afin de devenir plus parfaits ; c’est son art divin qui fait que le limon de la terre dont nos corps ont été formés n’est pas visible aux yeux. Sa main nous a donné jusqu’à présent notre première forme, bientôt il nous oindra en dedans et au dehors, il nous revêtira d’or et d’argent purs, et il nous donnera une beauté si parfaite, que les anges en seront jaloux. Mais si, résistant à sa main divine et endurcissant son cœur, l’homme devient ingrat envers Dieu, Dieu deviendra dur envers l’homme, et il laissera là son œuvre imparfaite ; il appartient à la nature bienveillante de Dieu d’agir sur ses créatures, et il est de la nature de la créature de ne pas contrarier l’action de Dieu sur elle. Si donc nous nous prêtons autant qu’il est en nous au travail de Dieu, par notre foi et notre soumission, il fera de nous des créatures pleines de perfection.

Mais si vous ne croyez pas à la puissance de Dieu et que vous vous soustrayez à sa main, c’est vous-même alors qui serez la cause de votre imperfection, et il ne faudra pas vous en prendre à Dieu. Il a envoyé ses serviteurs pour convier les gens aux noces, et ceux qui n’ont pas répondu à cet appel se sont eux-mêmes privés de participer au banquet. Ici ce n’est pas l’art de Dieu qui est en défaut, car il peut faire naître des pierres mêmes, des enfants d’Abraham ; mais celui qui ne se rend pas digne de cet art divin est lui-même la cause de son imperfection.

Ceux donc qui se sont volontairement aveuglés ne se privent éternellement de la lumière, que parce qu’ils ont persévéré dans leur premier aveuglement. Une fois qu’on a perdu la lumière, personne ne peut se la rendre à soi-même, et Dieu ne viendra point en aide à celui qui ne veut pas se prêter à sa bonté réparatrice. Ainsi, ceux qui volontairement se sont privés