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SAINT IRÉNÉE.

blesse de l’homme sont aussi certaines l’une que l’autre ; mais la connaissance que l’homme en a, le mène à la connaissance de Dieu, et augmente son amour pour lui. Or, cet accroissement de l’amour divin, en même temps qu’il tourne à la gloire de Dieu, est un moyen de perfection pour ceux qui en sont remplis.

C’est donc nier la puissance de Dieu, c’est fermer les yeux à la vérité, que d’accuser la faiblesse de la chair, et de ne pas vouloir admirer cette force et cette vertu qui est capable de la ressusciter d’entre les morts. Mais si Dieu n’était pas capable de donner la vie à ce qui est mort, de rendre incorruptible ce qui est corruptible, il ne serait pas tout-puissant. Loin de là, il nous donne, dans l’acte même de notre création, une preuve de sa puissance infinie ; car c’est avec du limon de la terre qu’il a formé l’homme. Et d’ailleurs, n’est-il pas plus incroyable et plus extraordinaire de tirer du néant tout ce qui constitue le corps de l’homme, des os, des nerfs, des veines et tout le reste ; d’en faire ensuite un animal raisonnable ; cela ne paraît-il pas plus difficile que de rendre à la vie une seconde fois le corps, après son dépôt et sa dissolution dans le sein de la terré, bien que ce soit pour entrer dans une vie nouvelle, et pour subir une transformation, dont il n’aurait pas eu besoin sans le péché ? Car celui qui a tiré l’homme du néant, au temps où il l’a voulu, pourra bien sans doute, par la même puissance de sa volonté, rendre à l’homme cette même vie qu’il lui avait d’abord donnée. Pourquoi la chair de l’homme, après avoir été modelée lors de la première création par l’artiste-Dieu, ne pourrait-elle pas encore reprendre les mêmes formes sous sa main puissante ? Chaque membre, en effet, n’est-il pas ordonné avec un art infini, l’œil pour voir, l’oreille pour entendre, la main pour toucher et pour agir, les nerfs répandus sur toute la surface du corps pour maintenir chaque membre à sa place, les veines et les artères pour la circulation du sang et des esprits animaux, les viscères pour remplir chacun une fonction particulière, le sang pour servir aux rapports entre l’âme et le corps ! Quoi donc ! est-il besoin de décrire