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SAINT IRÉNÉE.

avec quel art merveilleux tout est disposé dans la conformation du corps de l’homme, pour prouver qu’un pareil ouvrage atteste la sagesse et la science infinie d’un Dieu ? Or, ce qui est le produit de la sagesse et de l’art divin est aussi et en même temps le produit de sa puissance.

Notre corps est donc sans cesse sous l’influence de la sagesse et de la puissance de Dieu ; car sa force, qui nous donne la vie, s’exerce sur astre faiblesse, c’est-à-dire sur notre chair. Or, ceux qui prétendent que ta chair n’est pas capable de recevoir de Dieu une seconde vie, peuvent-ils, maintenant qu’ils sont vivants, et tandis qu’ils sont en possession de toutes les facultés de la vie, peuvent-ils, dis-je, soutenir qu’ils ne sont pas en vie, mais au contraire qu’ils sont morts ? Mais s’ils ne sont pas vivants, comment se fait-il qu’ils se meuvent, qu’ils parlent, et qu’ils se livrent à tous les actes qui ne sont propre » qu’aux vivants ? Et s’ils sont vivants en ce moment et si tout leur corps participe à la vie, comment pourraient-Os dire que la chair n’est pas capable de recevoir de Dieu la vie ? J’aimerais autant voir un homme qui tient à sa main une éponge imbibée d’eau, ou un fagot allumé, venir nous dire que l’éponge n’est pas susceptible d’être mouillée par l’eau, ni le fagot d’être brûlé par le feu. Nos adversaires sont donc en pleine contradiction avec eux-mêmes, puisque d’un côté ils confessent qu’ils jouissent de la vie, qu’ils la sentent circuler dans leurs membres ; et que de l’autre, ils nous disent que leurs membres ne sont pas susceptibles de recevoir l’action de la vie. Si donc l’action de cette vie temporelle et bien moins énergique sans doute que la vie immortelle, a cependant assez de puissance pour vivifier nos membres mortels, comment peut-on supposer que cette vie, quand elle aura reçu le don de l’immortalité, ne pourrait pas vivifier notre chair, qui aura déjà été exercée et comme accoutumée à porter la vie ? Tout ceci démontre que la chair, par cela même qu’elle vit, participe réellement à la vie. Elle vit autant que Dieu veut qu’elle vive. Or, il est de toute évidence que Dieu est assez puissant pour lui donner la vie. Nous vivons, parce qu’il nous donne cette même vie. Puis donc que