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SAINT IRÉNÉE.

pas Dieu, s’était renouvelé dans la connaissance de la vérité ; car la connaissance de Dieu fait de l’homme un être nouveau. Et ensuite, par ces mots, selon l’image de celui qui l’a créé, il fait bien voir que l’homme revient ainsi à cet état de ressemblance à Dieu, qui lui fut donné lors de la création.

Saint Paul était comme nous un homme né du sein de la femme, c’est-à-dire provenu de la chair du vieil homme, comme il s’en explique lui-même dans l’épître aux Galates, lorsqu’il dit : « Mais lorsqu’il eut plu à Dieu, qui m’a choisi dès le sein de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de me faire connaître son Fils, afin que je l’évangélisasse parmi les nations. » Ainsi, c’était bien le même homme corporel qui était né de la femme et qui évangélisait Jésus-Christ ; mais quel changement dans l’homme intellectuel ! lui qui était autrefois le persécuteur de l’Église qu’il ne connaissait pas, devenu, après cette révélation du ciel, dans laquelle il entendit la voix du Christ, l’apôtre zélé de l’Évangile, et du Christ, fils de Dieu, qui a été crucifié sous Ponce-Pilate, comme nous l’avons dit dans notre troisième livre ! Les anciennes ténèbres de son esprit furent chassées par la lumière nouvelle dont il fut rempli ; c’est ainsi que les aveugles qui furent guéris par le Seigneur perdirent leur cécité, et eurent dès ce moment des yeux capables de voir ; cependant c’étaient bien leurs mêmes yeux avec lesquels auparavant ils ne pouvaient pas voir. Il en fut de même de celui qui avait une main desséchée et de tous ceux que le Seigneur guérit, et qui tous conservèrent les mêmes membres qu’ils avaient dès leur naissance, et qui furent guéris dans ces mêmes membres.

Le créateur de toutes choses, le verbe de Dieu, qui a créé l’homme au commencement du monde, est venu pour guérir sa créature de toutes les plaies, quelles qu’elles fussent, que le péché lui avait faites ; et le bienfait de cette guérison a eu lieu à l’égard de chaque individu en particulier, comme à l’égard de tout le genre humain en général : par ce moyen l’homme a été rétabli dans sa primitive perfection, état de perfection qui le