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SAINT IRÉNÉE.

que l’arbre de vie. » Mais il n’y a que Dieu qui soit capable d’opérer ces prodiges, et dont la bonté puisse accorder un si grand bienfait à ses créatures.

Aussi, le Christ a-t-il pris soin de ne laisser aucun doute à ses disciples, soit relativement à sa propre nature et à son caractère divin, soit relativement à la nature et à la toute puissance de Dieu le père ; pour apprendre à ses disciples qu’ils ne devaient pas chercher ailleurs qu’en lui-même le Dieu qui a créé l’homme et qui lui a donné le souffle de vie, et pour qu’ils ne tombassent pas dans cette idolâtrie, qui voudrait supposer un autre Dieu au-dessus de Dieu le père. Aussi, lorsqu’il guérissait, par sa parole divine, quelques infirmités du corps, qui étaient toujours la suite du péché, il renvoyait ceux qui étaient ainsi guéris, en leur disant : « Voilà que tu es guéri ; ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’advienne pire, » déclarant par-là que le péché est la cause des maladies qui affligent l’humanité. Quant à l’aveugle de naissance, l’Évangile nous apprend que Jésus le guérit, non pas par la parole, mais par l’opération des mains ; et ce ne fut pas sans dessein qu’il en agit ainsi, mais afin de nous apprendre qu’il était lui-même cette main de Dieu, qui créa l’homme au commencement du monde. Aussi, lorsque ses disciples lui demandèrent la cause de l’infirmité dont avait été affligé cet aveugle de naissance, et si elle provenait de la faute de cet homme, ou de la faute de ses parents, il leur répondit : « Ni celui-ci, ni son père, ni sa mère, n’ont péché, mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. » Or, l’homme est l’œuvre de Dieu, et l’Écriture nous raconte comment cette œuvre fut accomplie, lorsqu’elle dit : « Le Seigneur Dieu prit du limon de la terre et en forma l’homme. » Nous voyons que notre Seigneur Jésus-Christ crache à terre, fit de la boue de sa salive, et en frotta les yeux de l’aveugle ; et il agissait ainsi pour rappeler, à ceux qui pouvaient le comprendre, comment Dieu avait autrefois procédé à la création de l’homme. Et le Christ, par cette action qu’il fit en présence de tous, acheva dans cette circonstance ce qui avait été omis dans la formation de cet