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SAINT IRÉNÉE.

tient pas ? Il n’y avait donc que celui qui a été offensé, qui pût pardonner, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, qui, se levant dans le ciel, nous a visités, c’est-à-dire par son Fils.

Nous lisons dans l’Évangile qu’après la guérison miraculeuse du paralytique, « la multitude voyant cela fut saisie de crainte, et rendit gloire à Dieu qui avait donné une telle puissance aux hommes. » Or, quel était ce Dieu à qui la multitude rendait gloire ? Était-ce un Dieu inconnu, et que les hérétiques auraient découvert ? Mais alors comment le peuple aurait-il glorifié un Dieu dont il n’aurait pas encore soupçonné l’existence ? Il est donc évident que ce Dieu à qui les Juifs rendaient gloire, était celui que les Écritures ainsi que les prophètes ont annoncé, et qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ ; c’est pour cela que le Christ apprenait aux hommes, en frappant leurs yeux par des prodiges, à rendre gloire à ce Dieu. Mais si le Christ fût provenu d’un autre Dieu, qu’il eût dit être son père, il eût empêché les Juifs de le connaître et de le glorifier, et de lui rendre grâces comme au sauveur qu’il leur envoyait, puisque, à l’occasion de ses miracles, ces Juifs rendaient gloire au Dieu des prophètes et des Écritures, le seul qu’ils connussent. Mais comme le Christ était le fils unique du Dieu unique qui l’a envoyé sur la terre pour le salut des hommes, il forçait, par les miracles qu’il faisait, les incrédules même à glorifier son père. Aussi disait-il aux pharisiens qui ne voulaient pas le reconnaître pour le fils de Dieu, et qui, par cela même, ne croyaient pas qu’il eût le pouvoir de remettre les péchés : « Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre ; » il dit au paralytique de se lever, de prendre son lit, et de s’en aller dans sa maison. Ainsi, par ce miracle, il confondit ces incrédules, manifestant qu’il est lui-même la voix de Dieu, dont il s’est servi pour faire connaître à l’homme ses commandements, commandements que l’homme a transgressés ; de là il est tombé dans les liens du péché, et c’est le péché qui a engendré la paralysie de l’âme et toutes les maladies du corps.