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SAINT IRÉNÉE.

elle montre aux hommes la même voie de salut. Et, en effet, le flambeau de la science divine a été remis entre ses mains ; « la sagesse de Dieu, par laquelle les hommes sont sauvés, parle au dehors, sa voix retentit dans les places publiques ; elle crie devant les assemblées, à l’entrée des portes, elle parle au milieu des villes. » Car l’Église prêche partout la vérité, et c’est elle qui est le flambeau à sept branches qui distribue au monde la lumière du Christ.

Ceux donc qui ne suivent pas les enseignements de l’Église accusent par là même les saints prêtres, ses ministres, d’ignorance ; mais ils ne voient pas qu’il y a plus d’esprit de religion dans le cœur de l’homme le plus simple que dans l’âme du sophiste effronté et de celui qui blasphême contre Dieu. Tels sont tous les hérétiques, qui prétendent découvrir quelque chose par delà la vérité même ; on les voit se partager en mille sectes diverses, allant à droite et à gauche, n’ayant jamais un même sentiment sur les mêmes choses, et ressemblant à des aveugles conduisant à l’aventure d’autres aveugles ; ils ne peuvent donc manquer de tomber ensemble dans la fosse de l’ignorance, cherchant toujours et ne trouvant jamais rien. Nous devons donc fuir leurs discours et bien prendre garde aux piéges qu’ils nous tendent. Que l’Église donc soit notre refuge, et instruisons-nous auprès d’elle des saintes Écritures ; l’Église est pour les chrétiens le paradis terrestre de ce monde. « Vous pouvez donc manger de tous les fruits du jardin, » dit l’esprit de Dieu ; c’est-à-dire que vous pouvez puiser dans les Écritures votre nourriture spirituelle ; mais il vous est défendu de rechercher les mystères qui sont plus élevés, et de goûter les doctrines des hérétiques. Ceux-ci sont d’autant plus coupables en répandant leurs opinions impies, qu’ils reconnaissent avoir la faculté de distinguer le bien et le mal. Ils veulent comprendre plus que ne le peut leur intelligence ; c’est pour cela que l’apôtre recommande « de ne point être sage plus qu’il ne faut, mais d’être sage avec sobriété, » de peur que, venant à manger du fruit de l’arbre défendu de la science, nous ne soyons chassés du paradis de vie, que Dieu réserve pour ceux qui