Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/77

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res. Ce fut à l’impulsion de sa mère, et dans le secret de son être, qu’il donna naissance à toutes ces nouvelles créations ; aussi prend-il les différents noms de Metropator, d’Apator, de Demiurgos ; de Père des êtres premiers doués de la vie, de Créateur des substances matérielles et de Souverain universel de toutes ces œuvres. L’Enthymèse n’avait d’autre but, dans toutes ces créations, que celui de glorifier les Æons ; elle en produisit les ressemblances, et surtout celle du Sauveur, qui la confondit tellement dans l’image du Père invisible, qu’elle resta ignorée de Demiurgos. Celui-ci ressemblait à l’Unigenitus, et ses productions, auxquelles il donna sa ressemblance, furent les anges, les Æons et les archanges. Les valentiniens le font créateur et Dieu de tous les êtres qui sont en dehors du Plerum, tant animés qu’inanimés ; par lui deux essences, jusque-là confondues, se trouvent divisées, et de la métamorphose d’immatérielles qu’elles étaient en matérielles, dérivèrent les existences célestes et terrestres, des hyliques et des psychiques, des primaires et des secondaires, légères ou pesantes, gravitant en haut ou en bas ; sept cieux naissent de ses mains, et au-dessus d’eux il établit sa demeure, ce qui lui fait donner le nom d’Hebdomade ; comme Achamoth, sa mère, reçoit celui d’Ogdoade parce qu’elle complette la première ogdoade des éléments et des principes qui constituent le Plerum. Les sept cieux sont les demeures des esprits angéliques et de Demiurgos, qui est un ange semblable à Dieu ; ils y placent aussi le paradis, qui domine le troisième ciel, et qui se trouve être l’empire du quatrième ange ; ils disent qu’Adam a pris quelque chose de la nature de cet ange, en conversant avec lui.

Mais, disent les valentiniens, Demiurgos se croit le producteur de toutes ces existences ; seulement il ne nie pas qu’il les a faites par la puissance d’Achamoth : ainsi, il crée le ciel et ignore sa création ; il fait l’homme, et il ignore l’homme ; la terre se révèle par lui, et il n’a pas conscience de l’existence de la terre : ainsi toutes choses naissent de sa main, création, forme, sa mère même, et cependant il ignore tout, il se croit seul. La cause de cette création lui vient de sa