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corruptibilité ; l’être psychique ou primaire, moyen terme entre la vie et la matière, doit aller là où le portera son inclination ; l’esprit destiné à s’unir à la vie, à l’être psychique, doit s’instruire avec lui par la parole. Voilà donc, suivant eux, le sel et la lumière du monde ; voilà quelles sont les raisons de la création du monde ; et si le Sauveur est venu sur la terre, c’était pour donner le salut à l’être psychique, parce qu’il est animé et libre de sa volonté. En venant opérer l’œuvre du salut, le Sauveur prit à ceux qui en devaient ressentir l’effet la partie première de leur être : à Achamoth, il emprunta l’immatérialité, Demiurgos lui donna le souffle de vie, ensorte que Christ, ayant reçu l’essence psychique, fut préparé à recevoir un corps formé ineffablement, à la fois visible, palpable et passible : la matière n’y entra pour rien ; cet élément ne se prête point à l’action du salut. Lorsque, parfaitement instruits des enseignements de l’esprit, les hommes auront à fond la science ; lorsqu’ils verront Dieu, et lorsqu’Achamoth brisera à leurs yeux le sceau des mystères profonds, alors les temps seront accomplis. Ces hommes, vous ne les attendrez pas longtemps, ce sont eux-mêmes, à ce qu’ils disent. Deux degrés de connaissance en ce monde : aux hommes d’une existence animale correspond la relation d’un enseignement approprié à l’imperfection de leur être. Nous avons le malheur, nous autres, qui suivons l’enseignement de l’Église, d’être ces hommes-là : aussi à nous l’obligation des bonnes œuvres pour le salut ; quant à eux, en raison de leur spiritualité, ils n’en ont nul besoin ; la matière, incapable d’action, ne peut entrer en participation du salut ; mais l’esprit (ils se rangent eux-mêmes dans la classification que ce mot indique), l’esprit n’ayant de sa nature rien à redouter, ni de la mort, ni de la corruption, pourrait avec toute impunité se livrer à tous les crimes. L’or tombé dans la boue de nos grands chemins perd-il rien de son prix ? Les fanges altèrent-elles sa nature ? Non ; ainsi les souillures des actions matérielles n’altèrent pas l’esprit.

Ceux qui passent pour les plus parfaits chez les valentiniens profitent à merveille de ce système commode ; c’est en vain que