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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

répandu pour plusieurs et pour la rémission des péchés, est le symbole de la joie. Par la sobriété qu’il a montrée, il nous montre quelle doit être la nôtre. C’est bien le vin lui-même qu’il a béni, ses paroles le prouvent. En effet, il dit à ses disciples : « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai tout nouveau avec vous, dans le royaume de mon Père. » C’est bien du vin qu’il buvait, puisqu’il disait de lui-même, en reprochant aux Juifs la dureté de leur cœur : « Le fils de l’Homme est venu, mangeant et buvant, et ils disent : C’est un homme insatiable et adonné au vin, ami des publicains et des pécheurs. » Ces passages sont des preuves irréfragables contre les erreurs des Encratites.

Que les femmes surtout, se souvenant toujours de la pudeur et de la modestie convenables à leur sexe, ne plongent pas leurs lèvres dans de vastes coupes, et ne baissent pas indécemment la tête sur leur verre de manière à découvrir aux hommes ce qu’elles peuvent de leur cou et de leur sein, imitant leurs débauches et consumant leur vie dans les folles délices du luxe et de la table. Rien de ce qui est honteux et blâmable ne convient à l’homme, à plus forte raison à la femme, à qui la seule pensée de ce qu’elle est, doit inspirer la pudeur. « La femme qui s’enivre excite une grande colère, dit le sage. » Pourquoi ? Parce que sa honte et son ignominie ne seront point cachées. Pour elle, en effet, de la volupté au crime il n’y a qu’un pas. Nous ne défendons point l’usage des coupes d’albâtre, mais toute manière orgueilleuse de s’en servir. Nous voulons qu’on se serve des choses simplement et sans vanité, et qu’on prenne toutes sortes de précautions pour ne jamais rien faire contre la bienséance. Il ne faut en aucune manière permettre aux femmes de montrer nue aux hommes quelque partie que ce soit de leur corps, de peur que tous deux ne tombent, les uns en regardant avec avidité ; les autres en attirant avec plaisir ces regards avides. Il faut toujours agir, parler et se conduire comme en la présence de Dieu, de peur encore que l’apôtre, s’irritant contre nous comme autrefois contre les Corinthiens, ne nous dise : « Lors donc que vous