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animée. Si donc l’animal est un être animé, et que l’âme soit douée naturellement de la faculté de sentir, il est évident que l’être animé est doué de la faculté de sentir. Eh bien ! dirons-nous à celui qui a soulevé le débat, continuez-vous d’appeler animal ce qui est enfermé dans la matrice, par la raison qu’il y prend nourriture et accroissement ? Dès lors vous avez votre réponse. Ce n’est pas là ce que je demande, répliquera-t-il peut-être ; je veux savoir si le fœtus, enfermé dans la matrice, a la faculté de sentir ou de se mouvoir par quelque désir ou appétit. Comme il ne reste plus d’équivoque dans les termes, il ne s’agit plus que d’examiner ouvertement la question.

L’adversaire est-il muet aux demandes qui lui sont adressées ? Refuse-t-il obstinément de déclarer ce qu’il entend par les mots qu’il emploie, ou bien à quel être il attache le nom d’animal quand il propose la question, et cela pour nous contraindre à diviser ? la preuve nous est acquise que c’est un esprit ami de la contention et des disputes. Il y a deux manières de débattre une question : la première procède par interrogations et par réponses ; la seconde se jette dans les détails, qu’elle parcourt de point en point. Notre adversaire décline-t-il la première de ces méthodes ? Qu’il nous écoute, poursuivant la question dans toutes ses ramifications diverses ; puis, quand nous aurons achevé, il pourra traiter à son tour tous les points qui intéressent la matière. S’il s’efforce d’interrompre la discussion par des interrogations, il fournira la preuve évidente qu’il ne veut rien entendre. Mais je suppose qu’il aime mieux répondre. Demandons-lui, avant tout : À quel être donnez-vous le nom d’animal ? Quand il se sera expliqué là-dessus, demandons-lui de nouveau : Qu’entendez-vous par le fœtus enfermé dans la matrice ? Est-ce un être dont les membres sont formés, et qui est déjà un animal vivant ? Est-ce simplement la semence de l’homme déposée dans le sein de la femme ? Est-ce un de ces êtres où les parties qui le composent sont encore à l’état rudimentaire, masse à peine ébauchée, que la médecine nomme embryon ? Quand il se sera encore expliqué là-dessus, il faudra conclure et faire jaillir la lumière dans la question proposée.