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et de l’autel sur lequel on offrait des sacrifices au Seigneur. Mais ces lieux ressemblaient plutôt à des écoles qu’à des temples tels que ceux des païens, qui n’étaient jamais sans idoles ni sans autels propres à y brûler des victimes. Il paraît même que dès-lors les Chrétiens rendaient dans leurs églises ou dans leurs maisons quelque respect à la figure de la croix, puisque les païens leur en faisaient un crime ; et si les Chrétiens n’avaient eu aucune sorte d’images, Cécilius n’aurait pas dit qu’ils n’en avaient point de connues, mais absolument qu’ils n’en avaient point. Minucius Félix ne laisse pas de dire que les Chrétiens n’adoraient point la croix dans le sens que le disaient les païens, qui, au rapport d’Origène, reprochaient aux Chrétiens d’adorer tous ceux qui mouraient sur la croix, et apparemment encore l’instrument de leur supplice. Au reproche que les Chrétiens réservaient leurs parfums pour les morts, Minucius ne répond rien : ce qui fait voir que les Chrétiens s’en servaient effectivement dans les sépultures. Il dit qu’il y a des esprits malins qui, après avoir perdu la beauté et les avantages de leur nature en se plongeant dans les vices, tâchent, pour se consoler, d’y précipiter les autres, et de les éloigner ainsi de Dieu, dont ils se sont séparés par leur révolte. Ce sont eux, ajoute-t-il, qui produisent ce que les magiciens opèrent d’étonnant, qui nous surprennent par leurs enchantements, qui font qu’on voie ce qu’en effet on ne voit point, et qu’on ne voie pas ce qu’on voit ; ils inspirent les prophètes des païens, ils habitent dans leurs temples, ils se glissent quelquefois dans les entrailles des bêtes, gouvernent le vol des oiseaux, président au sort, et rendent des oracles mêlés de plusieurs mensonges. Ce sont eux encore qui troublent la vie et tourmentent les hommes de différentes manières, comme ils sont contraints de l’avouer dans les exorcismes faits au nom du seul et vrai Dieu. Enfin il reproche aux païens de ne punir que les actions criminelles, tandis que chez les Chrétiens on défendait même les pensées mauvaises.