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qui partageaient son erreur, il voulait soutenir publiquement son hérésie. Les prêtres le citèrent de nouveau au tribunal de l’Église, où il fut réprimandé. Cependant il résistait, en disant : Quel mal puis-je faire si je continue de vénérer le Christ ? Mais les prêtres, chargés de le juger, lui répondaient : Nous savons qu’il n’y a qu’un seul Dieu ; nous savons que le Christ, son Fils, a souffert comme il a souffert ; qu’il est mort ainsi qu’il est mort ; et qu’il est ressuscité le troisième jour, qu’il est assis à la droite du Père, et qu’il viendra juger les vivants et les morts. Nous disons cela, parce que l’Église nous l’a appris. L’ayant ainsi convaincu d’hérésie, ils le retranchèrent de la communauté des fidèles, auxquels il voulait, dans l’égarement de son orgueil, communiquer ses erreurs.

II. Ces sectateurs de Noétius font donc tous leurs efforts pour établir leur hérésie ; et ils cherchent à s’appuyer de ce qui est dit dans la loi[1] : « Je suis le Dieu de vos pères : vous n’aurez pas d’autres dieux que moi. » Et encore dans un autre endroit : « Je suis le premier et le dernier ; et après moi, il n’y en a aucun autre[2]. » Ils allèguent que ces passages prouvent qu’il n’y a qu’un seul Dieu ; et ils ajoutent : « Si nous confessons que le Christ est Dieu, il faudra bien en conclure qu’il est le Père, puisqu’il est Dieu. Le Christ-Dieu a souffert dans sa passion ; donc le Père aussi a souffert ; car il était le Père lui-même. » Mais c’est-là une erreur, et les Écritures ne parlent point dans ce sens. Ils présentent encore d’autres sophismes : ainsi, disent-ils, il est encore écrit[3] : « C’est lui qui est notre Dieu, et nul autre ne subsistera devant lui, si on le compare à lui. C’est lui qui a trouvé toutes les voies de la vraie science, et qui l’a donnée à Jacob, son serviteur, et à Israël, son bien-aimé. Après cela, il a été vu sur la terre, et il a conversé avec les hommes. » Vous voyez bien, disent-ils, que c’est-là le Dieu qui est seul et

  1. Exod. iii, 6. ; xx, 3.
  2. Is. xliv, 6 ; xliv, 5.
  3. Baruch, iii, 36.