V
vant de faire le récit de notre marche sur Kouno, où nous
devions livrer un sanglant combat aux bandes de Rabah,
il convient de mettre le lecteur au courant de certains faits qui
lui feront nettement comprendre le programme que nous poursuivions
et la méthode qui a amené sa réalisation.
Nous devions atteindre le Tchad. Non pas certes pour le simple plaisir d’y arriver, c’était d’ailleurs déjà chose faite. Mais surtout parce que le grand lac était le lieu de rendez-vous qui nous était fixé avec une autre mission, celle dirigée par le capitaine Voulet, et qui, partie du Soudan, devait, longeant la frontière franco-anglaise, nous rejoindre sur les rives du Tchad et se mettre à notre disposition.
Les instructions qui m’avaient été données à mon départ de France me confiaient tous les pouvoirs avec la qualité de Commissaire du gouvernement. Après avoir reconnu la nécessité de protéger le sultan Gaourang par tous les moyens en notre pouvoir, et par suite l’éventualité d’une action contre Rabah, ces instructions mettaient à ma disposition tout le personnel envoyé sur les lieux, et définissaient le véritable but visé par le Gouvernement, à savoir, l’occupation des territoires du Tchad, œuvre à la fois politique et militaire.
D’autre part, une troisième expédition, la mission Foureau--