Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/221

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trouvé en cette ville le fils aîné de Hachim, l’avant-dernier sultan du Bornou. C’est lui qui est l’héritier légitime du trône du Bornou, qu’il revendique d’ailleurs. Seul, à défaut de l’Allemagne qui n’a pas encore occupé le pays, il peut nous autoriser à pénétrer sur son territoire. Je lui fais donc écrire par Gaourang une lettre de véhémente protestation contre les agissements de Rabah. Je lui représente la violation du territoire baguirmien et les excès qui s’y sont commis. Enfin je le mets en demeure de remédier à cet état de choses qui ne saurait durer plus longtemps.

Le cheik Omar Seinda répond à Gaourang qu’il trouve ses réclamations très légitimes, mais que, ne disposant pas de forces suffisantes pour venir à bout de Rabah, il autorise Gaourang et ses alliés à pénétrer en territoire bornouan et à se joindre à lui pour lutter contre l’ennemi commun.

Cette pièce me permet d’agir à ma guise. Je ne commettrai, en entrant au Bornou de cette façon, aucune violation de territoire, puisque j’y suis autorisé, à défaut de la puissance protectrice qui n’occupe pas le pays, par le chef de l’État protégé. Ceci réglé, je pouvais rédiger l’ordre du jour suivant :

Le Commissaire du gouvernement,

Vu ses pleins pouvoirs,

Décide :

Les opérations contre Rabah seront dirigées par M. le chef de bataillon Lamy, qui, en outre des troupes déjà sous son commandement, disposera des troupes du Chari.

L’objectif de la colonne sera toujours Rabah qui sera attaqué partout où il se trouvera.

Signé : Gentil.

En possession de cette décision, le commandant Lamy fixe ses instructions de détail. Tous les officiers sont appelés et reçoivent des ordres. Il est prescrit que nos troupes seront sur pied le lendemain à six heures. On travaillera même la nuit s’il le faut. Chacun se met à la besogne sans tarder.

Pendant ce temps, je règle diverses questions politiques avec