Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Gaourang et le cheik Omar, qui sont installés chez moi.

Le pauvre cheik ne paie pas de mine. Petit de taille, la figure osseuse, il est vêtu, plus que simplement, d’une longue robe bornouane et d’un pantalon d’étoffe légère. Il est chaussé de babouches en cuir jaune, et a la tête couverte d’une sorte de petite calotte d’un blanc sale. Il ne quitte pas son chapelet, qu’il égrène constamment en causant. À côté de lui, et assis sur le même tapis, Gaourang, splendidement vêtu, écoute les doléances du cheik Omar et lui fait les siennes.

Il est vraiment très drôle de regarder ces deux fourbes, l’un gros, l’autre maigre, qui essaient de se tromper réciproquement. Gaourang tient à rentrer en possession de toutes les femmes que lui a enlevées Rabah et cherche à persuader au cheik Omar qu’il doit les lui restituer. Ce dernier, qui se voit déjà sur le trône du Bornou, ne songe pas sans inquiétude au danger que vont courir ses futurs sujets, en face des 1500 Baguirmiens qui se trouvent en territoire bornouan ; aussi est-il très accommodant. À tout ce que demande Gaourang, le cheik souscrit presque immédiatement. En retour, Gaourang promet au cheik Omar qu’il punira sévèrement celui de ses hommes qui fera le moindre tort à un Bornouan. Bref, ils sont d’accord sur tous les points, et alors ils se congratulent et se serrent les mains avec effusion…

Tandis que devisent ces deux hommes, les nôtres achèvent leurs derniers préparatifs. La nuit se passe ainsi, sans que personne ferme l’œil. C’est la veillée des armes. L’heure décisive va bientôt sonner où nous nous mesurerons de nouveau avec l’armée de Rabah.