Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VIII

Voyage à Dikoa. — Récit de la mort de de Béhagle. — Organisation des pays conquis. — Considérations générales sur leur avenir et sur le parti que nous en devrons tirer. — Retour en France.


Avant de procéder à l’organisation définitive du pays que la vaillance de nos soldats vient de conquérir à la France, il me faut d’abord aller régler avec le cheik du Bornou un « modus vivendi » indispensable pour éviter des violations de frontière. De plus, je veux avoir des renseignements précis sur la mort de de Béhagle, ce qui m’oblige à aller à Dikoa.

Le capitaine Joalland, dont j’ai déjà utilisé les services en lui faisant faire une reconnaissance jusqu’à Logone, m’accompagne avec tout son monde. J’ai de plus, avec moi, sous le commandement du lieutenant de Thézillat, une quarantaine de tirailleurs et quelques spahis auxiliaires[1] qui doivent me servir d’escorte au retour.

Le terrain entre Koussouri et Dikoa est généralement très plat. La pluie n’est encore tombée qu’une fois ou deux ; aussi tout semble sec et aride. Des étendues de plaines immenses, où poussent quelques arbres chétifs et rabougris, c’est tout ce qu’on aperçoit. Nous avons vraiment la sensation d’un paysage saharien et ce spectacle n’a rien de bien attrayant.

On ne trouve de l’eau que très difficilement et quelle eau ! Jaune et boueuse, elle n’est presque pas potable. En la tamisant au travers d’un linge, il se dépose sur l’étoffe une couche de vase gluante très épaisse. Quand on fait le café avec cette eau, la

  1. Ces spahis provenaient des anciens cavaliers de Rabah qui s’étaient rendus. J’en ai fait constituer un escadron par le lieutenant de Thézillat. Cet escadron est actuellement formé. Quelques-uns d’entre eux avaient pris part à l’attaque dirigée contre Prins à Fadjié.