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Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/156

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tampon s’efforçait d’aveugler le trou du métal. Effroyablement penché au dehors, les pieds arc-boutés au banc pour se maintenir, il y parvint enfin à peu près. Cependant la plaie suintait toujours, et la perte subie depuis l’accident ne laissait plus de combustible que pour quelques kilomètres.

« Allons toujours le plus loin possible, dit amèrement Salbris. Franchissons au moins les crêtes, et après nous chercherons un point accessible d’atterrissage. »

Roland se dirigea sur une coupure entre deux cimes, de façon à ménager le plus possible les gouttes d’essence qui pouvaient lui rester, au lieu de s’élever pour passer au-dessus des crêtes, manœuvre qui eût exigé une consommation plus considérable. Il atteignit le col, quand les détonations irrégulières de son moteur lui annoncèrent la panne imminente. La « frégate » baissa, s’abattit, toucha le sol… Grâce à l’adresse du pilote, cet abordage parmi un terrain inégal et semé de roches ne fut pas trop rude. Seule l’une des roues se faussa dans le choc… Mais qu’importait ! Sans combustible, le rôle de la pauvre « frégate » était terminé.

Anéanti, Salbris demeurait sur son siège. Déjà le Parigot avait sauté à terre.

« Allons ! monsieur Roland, dit-il, rien n’est perdu quand on est encore deux hommes debout et armés, qui ont du cœur au ventre. Vous verrez, on s’en tirera… On s’en tire toujours ! »