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Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/188

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transvasé les deux bidons dans le récipient et opéré l’allumage.

Hervé s’était rendu aux raisons de son ami ; il comprenait que, malgré son énergie, il pouvait devenir pour les siens une cause d’achoppement s’il restait à leur tête. Il appela donc son soldat et lui fit ses recommandations dernières. Triste de se séparer de son officier, mais en même temps fier de la mission qui lui était confiée, le Parigot étreignit nerveusement la main que lui tendit Hervé une fois installé dans la nacelle, au moment où Roland embraya son moteur.

La « frégate » prit son essor.

Une ivresse gagnait l’aviateur à la sentir souple, maniable, obéissante à son commandement. Elle filait, tel un pigeon voyageur en route vers son colombier, droit au but, sans s’écarter de l’angle de direction indiqué par le compas pour atteindre la ville assiégée. L’œil à sa jumelle, Hervé soudain tressaillit ; il venait de reconnaître, flottant à l’horizon sur le sommet de la citadelle, le drapeau inviolé.

« Nos couleurs ! Roland ; là-bas, je les vois !

— Déploie notre flamme ! » répondit l’aviateur d’une voix palpitante.

Et le ruban tricolore se déroula, claquant fièrement dans le sillage aérien de la « frégate ».

Mais, quelques instants plus tard, la voix d’Hervé s’étrangla d’inquiétude.