l’ouvrit, convaincu que sa teneur avait égard à l’hôte en l’honneur duquel était donnée la fête. Soudain il pâlit, balbutia, bouleversé par la nouvelle inattendue qu’elle révélait.
Reçue par le poste de télégraphie sans fil, elle était libellée en ces termes :
« Flotte japonaise, parue subitement devant fleuve Rouge, a forcé entrée delta, débarqué corps invasion Haï-Phong. Garnisons françaises en retraite vers intérieur. »
Ainsi, en pleine paix, le Japon osait renouveler l’agression qui lui avait réussi à Port-Arthur ! Sa convoitise de possessions continentales le jetait sur la grande colonie française qui, à la suite de la pacification générale, avait été dégarnie et se trouvait, dès lors, incapable d’une résistance sérieuse. Même parmi les étrangers qui garnissaient la table du banquet, une telle violation des garanties internationales suscitait une indignation profonde et soulevait une réprobation unanime.
Roland Salbris avait blêmi. Qu’allaient devenir, dans ce désastre, le colonel Sauzède et Jeanne ? L’insulte faite à la France, certes, révoltait son âme patriote ; mais de quelle angoisse le péril de sa fiancée torturait-il son cœur ? Brusquement, il se leva de table et renversa son verre déjà soulevé pour répondre au toast du président du club. La voix âpre, il déclara :
« L’injuste agression du Japon contre la France ne me