Page:Gerbault Seul à travers l'Atlantique 1924.djvu/126

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Un train de luxe qui se dirigeait vers Madrid ralentissait sa marche le long d’une courbe aux approches de la ville. C’est alors que, regardant par la fenêtre de mon wagon, j’aperçus un jeune mendiant. Il courait pieds nus le long de la voie ferrée. Sa peau brunie brillait au soleil entre les haillons qui le couvraient. Il était plus beau que le jeune mendiant de Murillo, plus réel que l’enfant au pied bot de Ribera. Il mendiait comme l’on mendie en Espagne, car il avait l’air de faire une faveur en demandant l’aumône.

Sale et déguenillé, c’était cependant lui le prince de la vie, qui courait libre, inondé de soleil et de lumière, et non l’un quelconque des voyageurs que le train emportait prisonnier. Je pensais alors que j’aurais aimé être comme lui pour pouvoir recommencer ma vie en