Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/102

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des littératures fut poétique. Ce qui tenait lieu des sciences physiques n’était pas moins poétique que la littérature elle-même ; ou plutôt ces deux branches du savoir, tellement séparées aujourd’hui qu’il faut de la sagacité pour remarquer ce qu’elles ont de commun, étaient dans ces premiers temps entièrement confondues. Qu’importait, en effet, à l’égard du caractère de la composition, que le sujet fût l’homme lui-même, ou quelqu’un des dieux, demi-dieux, ou génies qu’il avait dotés de l’intelligence et des passions humaines ? Des êtres si pareils pouvaient même agir de concert, sans nuire à l’homogénéité d’invention ; le merveilleux les unissait.

Nous apercevons, dans ces premiers essais de la pensée, le goût des idées générales et le sentiment d’analogie, qui se reproduiront dans la suite sous les formes les plus variées. L’individualité et l’intelligence de l’homme, en vertu desquelles ses actions sont dirigées vers le but qu’il veut atteindre, lui ont été connues en même temps que sa propre existence. Dès qu’il porte ses regards autour de lui, qu’y cherche-t-il ? Ce qu’il a trouvé en lui-même. Il remarque dans les actes de la nature un ordre et une succession qui lui parais-