Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/115

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rait nier, en effet, la légitimité du doute philosophique ; car ce doute est fondé sur l’impossibilité de comparer aucun autre jugement avec celui de l’homme. Cependant l’opinion qui attribuerait à l’être, considéré en lui-même, l’unité, l’ordre, les proportions, que nous poursuivons dans tous les objets, aurait en sa faveur certaines inductions qu’il n’est peut-être pas inutile de développer. Nous allons essayer d’exposer clairement la nature de ces inductions ; il sera facile d’apprécier ensuite quel degré de confiance il convient de leur accorder.

Voici quelques observations préliminaires.

Notre logique se compose de règles dictées par la raison universelle. Ces règles ne seraient pas moins certaines pour nous lors même qu’on voudraitt qu’elles enseignassent seulement à former et à reconnaître les jugements que tout homme de bon sens ne saurait contester. Si nous adoptons pour un instant l’hypothèse de l’entier isolement de la raison, c’est-à-dire, si nous supposons qu’aucun objet extérieur à l’esprit de l’homme ne soit venu à sa connaissance, et que, livré uniquement à ses propres pensées et à celles qu’il doit aux sociétés humaines, il ait voulu rassem-