Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/116

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bler en un corps de doctrines les vérités de son être, celles qui naissent de ses rapports sociaux, de ses affections et de ses devoirs, nous y trouverons les idées du bien, du vrai et du beau, qui nous sont actuellement connues. Notre morale, notre logique et nos règles du goût ne seraient pas changées ; car les récits animés, la peinture des passions, l’invention d’une action poétique, offriraient encore des sujets à l’art d’embellir et de plaire ; et la littérature, bien qu’appauvrie, ne serait pourtant pas anéantie.

Dans cette position hypothétique, la question de savoir si les rapports entre les différentes parties d’un sujet sont nécessaires en eux-mêmes, ou s’ils nous semblent tels uniquement en vertu de nos formes intellectuelles, ne se serait pas présentée à l’esprit des philosophes. Peut-être même eussent-ils été dans l’impossibilité d’en comprendre le sens, uniquement environnés des choses humaines. Comment, en effet, auraient-ils songé à la notion abstraite de l’être, lorsqu’un seul mode d’existence leur eût été connu ? Leur logique eût pu être la nôtre ; mais leurs opinions dogmatiques eussent été fort différentes de celles qui ont crédit parmi nous.