Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/136

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Il est clair que l’esprit humain, pressé de jouir, avait jusqu’à nos temps modernes suivi une route où il ne devait rencontrer aucune réalité effective. Instruits par l’expérience, il nous est même facile aujourd’hui de comprendre a priori pourquoi les faits échappaient à chaque instant aux divers systèmes enfantés par le génie de l’homme.

Et, en effet, le type du vrai, par sa nature, se compose d’idées abstraites. Il nous avertit bien de ce qui répugne, c’est-à-dire de ce qui ne peut exister simultanément ; mais il ne peut suffire pour nous manifester des réalités particulières. Nous savons que chaque chose a son essence ; que cette essence est l’unité du sujet, qu’elle est susceptible de division. Nous savons encore qu’il existe de l’ordre et des proportions entre ses parties. Mais, dans un cas donné, quelle essence, quel ordre, quelles proportions devons-nous rencontrer ? Le modèle de l’être ne nous en informe pas. Lorsque, étayé par un petit nombre de connaissances certaines, l’homme de génie a essayé de suppléer, par des suppositions gratuites, à ce qui lui manquait d’observations positives, il a établi entre ces cho-