Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/191

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avec lequel ils savent amener un mot, une note inattendus. L’âme de l’auditeur s’était identifiée avec le développement d’une action, qui lui était, pour ainsi dire, présente : tout à coup elle voit avec surprise un incident nouveau qui en renforce l’impression ; elle se trouble à la vue d’un surcroît de malheur, dont elle ne peut plus mesurer l’étendue. Dans cette manière de procéder, nos auteurs suivent l’ordre établi par la réalité des événements qui peuvent affecter notre sensibilité. Il arrive, en effet, tous les jours, qu’un détail nouveau, une circonstance imprévue, qui accompagnent un malheur déjà connu, en redoublent l’impression au point de nous jeter dans le désespoir.

La ressemblance de nos arts entre eux et avec la nature des faits qui nous émeuvent, tient à l’identité de rapports, sans laquelle il n’existerait pour nous aucun sentiment vrai, aucune idée claire. Chaque art, aussi bien que la réalité des événements dont il imite les impressions, a son module particulier ; et c’est en quoi les arts diffèrent les uns des autres. Mais ce module une fois adopté, rien ne reste plus arbitraire entre les diverses parties de l’action. Leur liaison est tellement néces-