Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/192

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saire que, si elle était intervertie, nous n’apercevrions plus aucune suite d’action et n’éprouverions plus aucune gradation d’intérêt.

Lorsque les différentes parties d’une composition ont été coordonnées avec art, l’âme se plaît à en parcourir le développement. La variété des sentiments prévient la fatigue et soutient l’attention. Plus la composition a de force et d’énergie, plus aussi il est nécessaire de ne pas s’arrêter trop longtemps à l’expression d’une seule et même impression. Celle de la tristesse, par exemple, deviendrait assoupissante ; et les accents du désespoir, s’ils étaient trop multipliés, finiraient par n’être plus entendus.

La musique, pour qui entend son langage, est de tous les genres de discours qui ont les sentiments pour objet, celui qui exige le plus de variété dans le style ; parce qu’il est aussi celui dont les impressions sont les plus pénétrantes.

Cette nécessité du changement d’expression est tellement impérieuse dans l’art musical, qu’on est obligé pour y satisfaire d’introduire dans le drame lyrique les incidents les plus invraisemblables, lorsqu’il n’en est aucun, dans la suite