Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/193

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naturelle de l’action, qui fournisse au compositeur des sentiments de genres différents à mettre en scène.

La partie poétique d’un tel drame expose nécessairement une action déterminée, tandis que sa partie musicale saisit l’occasion qui lui est offerte pour rendre des sentiments généraux et abstraits, qu’amène le récit du poète.

C’est de cette diversité d’actions que résulte celle du jugement des spectateurs.

Si un homme peu sensible au langage musical s’avise d’aller entendre un des chefs-d’œuvre dramatiques qui excitent l’enthousiasme des amateurs, il cherche, comme malgré lui, une distraction dans le sujet particulier de la pièce contre les accords dont il ne sent pas le mérite. Il s’étonne du peu de liaison entre les scènes. Il ne voit pas avec quel art on a su ménager ces transitions nécessaires entre des genres de beautés tellement énergiques que l’impression de chacune d’elles serait une horrible fatigue, si elle se prolongeait. Il sort, s’imaginant avoir jugé ce qu’il ne sait pas entendre, et croit avoir fait une critique mordante en disant que le bon sens doit partout trouver sa place.