Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/194

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L’amateur, au contraire, est pleinement satisfait. Il n’a même pas remarqué les défauts prétendus que l’on signale dans une composition dont il admire toutes les parties. L’âge, le sexe, la position sociale, les connaissances les plus approfondies dans des sujets différents, ou leur absence totale, n’occasionnent aucun dissentiment sur l’impression, actuelle ou récente, causée par un bon ouvrage. Des personnes, d’ailleurs, sans rapports entre elles de goûts et d’habitudes, se réunissent dans une opinion qui leur est commune. À la vérité, cet accord universel se trouble bientôt. C’est seulement tant que l’impression dure encore, qu’elle dicte à chacun des jugements semblables. On peut même remarquer une chose qui paraîtrait inexplicable à tout homme étranger aux impressions musicales : c’est que les discussions, quelquefois très vives, sur le mérite des écoles, sur celui de tel ou tel exécutant, cessent, ou ne sont plus soutenues qu’avec peine et par pur entêtement, en présence de l’exécution. C’est que cette diversité est dans l’opinion, tandis que l’uniformité d’impression vient de l’uniformité des facultés de sentir. La première