XII
GAUSS À SOPHIE GERMAIN
En vous remerciant de tout mon cœur pour votre dernière lettre et les intéressantes communications que vous m’y faites, Mademoiselle, je vous prie mille fois pardon d’y répondre aussi tard. Cette négligence est, pour la plus grande partie, une suite des changements qui se sont faits dans ma situation. J’ai changé ma demeure, pour accepter la place de professeur d’astronomie a Gottingue qu’on m’avait offerte depuis longtemps. Je ne vous dis rien des circonstances fâcheuses qui m’ont enfin déterminé à faire ce pas, ni des nouvelles tracasseries auxquelles je me trouve exposé ici ; j’espère que l’interposition de l’Institut où j’ai en recours y mettra fin. Ne contemplons à présent que la belle perspective que j’ai de pouvoir, avec plus d’aisance, du moins dans la suite, veiller à mes travaux, surtout arithmétiques, et de les publier successivement dans