Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/353

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Cette difficulté n’était pas faite pour l’arrêter : elle apprend le latin, et les maîtres n’ont bientôt plus de secrets pour elle. C’est dans de si sérieux travaux que l’enfant, devenue jeune fille, traversa les années de la Révolution, sans se désintéresser pourtant des grands événements dont elle était témoin et qu’elle était faite pour comprendre, car nous verrons plus loin qu’elle n’était restée étrangère à aucune des branches de l’activité humaine.

« Nous sommes en 1794. Lagrange propose l’établissement de cette « École centrale des travaux publics » qui va devenir « l’École polytechnique ». Sophie a dix-huit ans ; son sexe lui interdit l’entrée de l’Ecole ; mais elle se procure les leçons des professeurs ; elle fait les rédactions demandées aux élèves et les envoie à Lagrange, sous le pseudonyme de Le Blanc. C’est ainsi que le grand mathématicien la connut, remarqua son génie, la félicita, et devint son conseiller et son appui.

« L’âge de la nouvelle géomètre, les détails sur ses commencements difficiles, l’approbation de quelques savants, piquèrent la curiosité, provoquèrent des sympathies, et valurent à Mlle  Germain les relations les plus honorables. Dès lors, elle put se tenir au courant, par la conversation, et par une vaste correspondance, même à l’étranger, du mouvement scientifique dû aux efforts de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire, de Gœthe, de Lamarck, de Legendre, de Monge, de Bichat, de Berthollet, de Fourcroy, de Laplace.